Art. 4/ Relations : Théorie de l’attachement

 
« Ainsi, toute personne qui s’engage dans une interaction sociale durable avec l’enfant et qui répond aux besoins de réconfort de l’enfant lorsque celui-ci est stressé est susceptible de devenir une figure d’attachement. »
— Dugravier, R. & Barbey-Mintz, A.

  • Explication de la théorie de l’attachement. Elle permettrait d’éclairer la manière avec laquelle nous entrons et gérons nos relations interpersonnelles.

  • Celle-ci est indicative de tendances et non déterminante.

  • Chaque style d’attachement est adaptatif à certains types de situations - non abordé au sein de cet article introductif à la théorie.


Dugravier, R. & Barbey-Mintz, A. (2015). Origines et concepts de la théorie de l’attachement. Enfances & Psy, 66, 14-22. https://doi.org/10.3917/ep.066.0014


 

“La figure d’attachement de l’enfant représente la base à partir de laquelle il peut s’autoriser à explorer le monde environnant. Son aptitude à explorer repose sur la qualité de ses liens d’attachement.

Parallèlement, lors de ses pérégrinations, tout signal d’alarme incite l’enfant à retourner vers sa figure d’attachement qui constitue alors un havre de sécurité.

En lien avec ces phénomènes, apparaissent la peur de l’étranger et l’angoisse de séparation : l’enfant suspend ses activités quand il est confronté à une personne inconnue, s’en éloigne pour aller vers sa figure d’attachement en témoignant de l’activation de son système d’alarme. Après un certain temps, si l’étranger apparaît bienveillant et n’est pas intrusif, l’enfant peut interagir avec lui, mais en maintenant un certain niveau d’alerte. Tout éloignement ou absence de la figure d’attachement active de manière spécifique l’attachement de l’enfant et déclenche les comportements d’attachement.

Il existe une véritable balance dynamique entre les comportements d’attachement et les comportements d’exploration : ce n’est que quand ses besoins de proximité sont satisfaits que l’enfant peut s’éloigner de sa figure d’attachement pour explorer le monde extérieur. L’attachement va bel et bien servir l’autonomie et non la dépendance.

La notion de base de sécurité renvoie ainsi à la confiance, pour une personne, dans l’idée qu’une figure de soutien, protectrice, sera accessible et disponible en cas de besoin, et cela quel que soit l’âge de l’individu. La proximité physique, nécessaire au début de la vie, devient progressivement un concept mentalisé, et rejoint celui d’accessibilité.”

 
 

“Mary Ainsworth, collaboratrice de John Bowlby, a défini les différents styles d’attachement, à savoir l’attachement sécure, les attachements insécure évitant et ambivalent/résistant et comment les évaluer chez l’enfant de 12 mois grâce à l’expérience de la « situation étrange » (1978). Cette procédure expérimentale de quelques minutes consiste à faire subir à un enfant un léger stress comparable au stress quotidien. Pour cela, huit épisodes de trois minutes chacun sont prévus en laboratoire et impliquent deux séparations de l’adulte ainsi qu’un contact avec une personne non familière, « l’étrangère ». Les réactions de l’enfant, en particulier lors des retrouvailles avec l’adulte (manifestations d’anxiété et d’évitement), renseignent le chercheur sur la qualité de sa sécurité.

Les styles d’attachement reflètent les prédispositions de l’enfant, son tempérament et la cohérence des réponses parentales en situation de stress.

Ces différentes catégories d’attachement sont des stratégies adaptatives sans conséquence psychopathologique. Il est pourtant évident qu’avoir des stratégies attachementales sécures est un facteur de protection contre l’adversité. Ces enfants explorent leur environnement plus librement, ils régulent mieux leurs émotions lors d’événements de vie stressants. Parallèlement, les catégories insécures sont des stratégies adaptatives plus rigides, facteurs de vulnérabilité.”


“– L’attachement de type sécure. Il s’accompagne, chez l’enfant, d’une meilleure estime de soi et de la capacité de faire appel lorsqu’il en a besoin. Il favorise également la capacité d’exploration. L’enfant manifeste une forme de protestation lors des séparations et accueille sa mère avec plaisir, à son retour.

– L’attachement de type insécure évitant. L’enfant ne fait pas appel à autrui au fur et à mesure que son stress augmente. Il a tendance à masquer sa détresse émotionnelle, ou à se sentir invulnérable, et à considérer que l’on ne peut pas faire confiance aux autres. Il essaie de garder le contrôle dans les situations de détresse en diminuant la réactivité du système d’attachement et en réduisant ses signaux de détresse en direction des parents.

– L’attachement de type insécure ambivalent ou résistant. L’enfant se montre très ambivalent en situation de stress, comme s’il résistait à son besoin d’être réconforté. Il adopte une stratégie d’augmentation de fonctionnement du système d’attachement et d’augmentation des signaux. Il manifeste de la détresse lors de la séparation, un mélange de recherche de contact et de rejet coléreux, des difficultés à être réconforté.

– L’attachement désorganisé : il s’agit d’enfants qui, typiquement, se figent lors de la réunion dans une posture évoquant l’appréhension et la confusion. La séquence temporelle, chez ces enfants, donne une impression de désorganisation ; des comportements apparemment opposés sont exprimés simultanément (comme s’approcher avec la tête détournée) ; les mouvements semblent incomplets et l’expression des affects mal dirigée. On parle d’enfants désorientés-désorganisés. Il s’agit, pour beaucoup, d’enfants victimes de maltraitance ou témoins de violence ; c’est-à-dire d’enfants dont les figures d’attachement sont elles-mêmes terrifiées et/ou terrifiantes.”

 

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